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MUSEUM TV – SAMEDI 21 SEPTEMBRE À 16 H 32 – DOCUMENTAIRE
La ville du Havre, fondée par François Ier en 1517 à l’embouchure de la Seine, a connu une deuxième vie après la seconde guerre mondiale. Quelque 150 hectares au cœur du centre-ville furent détruits par les bombardements de 1944.
Ce documentaire raconte comment la cité fut reconstruite, repensée même, en 1945, par Auguste Perret (1874-1954). Avec un matériau-clé : le béton. Pionnier en la matière, cet architecte de renom, prestigieux enseignant alors en fin de carrière (il a 70 ans), a redessiné le plan de la ville en combinant les structures historiques existantes avec les nouvelles idées de l’urbanisme et de l’architecture d’après-guerre.
Célèbre pour avoir édifié, au Raincy (Seine-Saint-Denis), une église surnommée « la Sainte-Chapelle du béton armé », et à Paris, le Théâtre des Champs-Elysées et le palais d’Iéna, « Perret était un grand défenseur de l’esthétique du béton, souligne Vincent Duteurtre, architecte en chef du Havre. Il soignait la finition comme on le fait pour les matériaux les plus prestigieux, le marbre ou la pierre. »
Par-delà le discours sur sa mise en œuvre artisanale et plastique théorisée par l’architecte, le béton armé permet de construire des bâtiments de grande hauteur, et la préfabrication est imbattable pour réduire les coûts et les délais de construction. Car il y a urgence. La grande ville portuaire doit redémarrer et illustrer la capacité de la France libérée à se reconstruire. Perret se voit chargé de la réédification ex nihilo du centre-ville détruit en 1944.
Son plan d’urbanisme orthogonal, rythmé par un maillage carré de 6,24 mètres de côté − « la portée maximale d’une poutre en béton armé », dit la voix off −, donne au Havre une allure innovante, révolutionnaire pour cette ville qui deviendra un temps la plus grande municipalité communiste de France et, soixante ans plus tard, l’« exemple exceptionnel de l’architecture et de l’urbanisme de l’après-guerre ».
C’est en ces termes que l’Unesco consacre le grand œuvre d’Auguste Perret, en inscrivant en 2005 au Patrimoine mondial de l’humanité − aux côtés de la cathédrale de Chartres, du château de Versailles, de la Cité de Carcassonne… − la ville normande, riche de l’église Saint-Joseph (en béton), d’une maison de la culture dessinée par Oscar Niemeyer et du MuMa, le Musée d’art moderne André-Malraux (conçu en partie par un architecte dissident de l’atelier Perret).
Pourtant, aujourd’hui, l’audace du chantre du béton armé « ne fait pas l’unanimité ». Des espaces verts ont été déployés pour adoucir un centre-ville grisâtre, aux allures de cité HLM. Mais les Havrais et Havraises interrogés demeurent partagés ; entre celle, dubitative, qui « ne trouve pas ça… grandiose » et celui, enthousiaste, qui dit avoir « toujours aimé ce genre d’architecture ».
Le Havre d’Auguste Perret – La ville béton, de Sylvie Dumaine, Didier Becquart, Guillaume Levisse, Alice Delcourt(Fr., 2017, 26 min).
Pascal Galinier
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